Oaks pour Ezeliya : un classique qui échappait encore à 2 légendes des courses

Ezeliya, une gagnante d'Oaks mémorable pour 2 monuments des courses mondiales

Dubawi et le Prince Karim Aga Khan. Un étalon miracle, et un propriétaire/éleveur, ou éleveur/propriétaire si on veut chipoter, qui sont des monuments du turf européen, et même mondial. Des légendes certes, au regard de leurs palmarès respectifs, mais même ces stars ont encore quelques courses qui leur échappent toujours, allez savoir pourquoi ... Ce vendredi après-midi, une case est cochée, celle des Oaks d'Epsom. Le classique pour femelles peut-être le plus prestigieux d'Europe était encore un rêve pour ces deux-là, qui ont encore, malgré leur expérience, de nouveaux bonheurs à vivre ... et c'est bien ça la beauté des courses. 

En l'occurence, l'histoire de la famille Aga Khan avec les Oaks d'Epsom, bien qu'elle soit rare, est un tournant majeur de leur histoire dans les courses. En 1959, 2 ans après la disparition de l'Aga Khan III, son fils Aly Khan, père de Karim Aga Khan, remporte cette course avec la formidable Petite Etoile, meilleure jument de son époque, phénomène en piste, qui va ensuite tracer au Haras la grande lignée des "Z", jusqu'à arriver à la perfection faite jument : Zarkava (et bien sûr son fils Zarak, en train de devenir un étalon leader). Petite Etoile est un vrai symbole, car elle a été élevée par l'Aga Khan III, et a porté les couleurs de son fils et petit-fils en piste, avant de devenir ce pilier d'un élevage reconnu mondialement à travers les siècles. 

La fameuse Petite Etoile avec Aly Khan

Mais depuis 1959 et ce triomphe faisant suite à une victoire dans les Guinées, les Oaks d'Epsom étaient un graal inatteignable pour le Prince Karim Aga Khan... Pourtant il les avait gagnées officieusement ! En 1989, Aliysa devance Snow Bride en piste, mais est disqualifiée par la suite à cause d'un contrôle positif. Un succès célébré le jour J certes, mais qui a eu ensuite un goût très amer. Ne portons pas la poisse au prélèvement du jour. C'est fait grâce à la toute petite Ezeliya, entraînée par Dermot Weld, légende irlandaise toujours au top dans les grandes courses, et encore plus chez les femelles. Pour la casaque récemment, il avait déjà sorti les championnes Tarnawa et Tahiyra, et cette Ezeliya s'inscrit dans cette lignée en devenant classique à Epsom. Une première pierre pour cette pouliche semblant sortir de l'ordinaire. 

La minuscule Ezeliya avec son jockey Chris Hayes et son entraîneur Dermot Weld

Lauréate de son maiden à 2 ans, puis gagnante de Gr.3 dès sa rentrée en Irlande, Ezeliya a encore peu de métier, mais une classe évidente qui lui a permis de venir dominer sur une accélération foudroyante la "Godolphin" Dance Sequence, 9e des Guinées qui se rachète complètement, tout en montrant beaucoup de caractère. Les 2 premières sont des filles de Dubawi, et offrent ainsi un jumelé historique à leur champion de père, qui n'avait encore jamais brillé dans un classique d'Epsom, bien qu'il soit l'un des étalons les plus prolifiques des temps modernes. Il aura demain 2 partants dans le Derby d'Epsom, dont l'un des favoris Ancient Wisdom. Il est peut-être temps de faire le doublé ! 

Dubawi, enfin classique à Epsom !

Ezeliya provient d'une grande souche, remontant à la matrone "Boussac" Tourzima, qui a donné beaucoup de joies à l'élevage Aga Khan, puisqu'elle est à l'origine de la lignée de deux champions classiques, Sinndar et Darshaan. C'est donc toute la famille de Dar Re Mi, Rewilding, Too Darn Hot, mais aussi du champion d'Auteuil Jigme. En tout cas, il y a de la tenue partout, ce qui a sans doute permis à Dubawi de pouvoir sortir cet élément de 2400 m qu'est Ezeliya. Sa mère Eziyra, déjà entraînée par Dermot Weld, avait été une jument de classe, lauréate de 5 Groupes et triple placée de Gr.1 dont les Irish Oaks de Enable. Elle est une soeur de 2 gagnants d'Ascot Gold Cup, Enzeli et bien sûr Estimate pour la Reine Elizabeth, mais aussi d'Ebadiyla, gagnante des Irish Oaks. 

Deux semaines après le triomphe de Rouhiya dans la Poule d'Essai des Pouliches à Longchamp, l'Aga Khan voit donc double dans les classiques, et avec des femelles ! Il n'y a sans doute rien de plus beau pour un grand éleveur, que de voir son oeuvre être parachevée au top niveau, ce qui n'est pas une finalité, mais bien le commencement d'une nouvelle ère avec des poulinières de luxe à rentrer au haras dans les années à venir. Et avec ce premier succès officiel dans les Oaks d'Epsom, cela sonne presque comme une éternelle jeunesse.